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Cartographie d'un territoire vivant 3/3

  • Photo du rédacteur: Martin Besson
    Martin Besson
  • 17 oct.
  • 7 min de lecture
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La danse des équilibres


Avez-vous déjà remarqué comment l'atmosphère d'une pièce change quand quelqu'un de stressé y entre ? Ou comment votre propre état se modifie selon l'espace où vous vous trouvez ? Ces expériences courantes et quotidiennes révèlent une réalité fascinante : nous sommes des systèmes vivants en interaction constante avec notre environnement, dans une danse subtile d'influences réciproques.


La tenségrité : une architecture du vivant


Le terme "tenségrité" - contraction de "tension" et "intégrité" - décrit des structures qui maintiennent leur forme par l'équilibre dynamique entre éléments en compression et en tension. Imaginez une tente moderne dont les arceaux rigides (éléments de compression) et la toile tendue (élément de tension) créent ensemble la stabilité. Si vous appuyez sur un point, toute la structure s'adapte pour maintenir son équilibre.


Notre corps fonctionne selon ce même principe architectural. Les os agissent comme éléments compressifs, tandis que les muscles, ligaments et fascias créent le réseau de tension continue.


Cette organisation explique pourquoi :


  • Une tension à la cheville peut affecter l'épaule opposée

  • Notre posture s'adapte instantanément aux changements

  • Le corps distribue les forces plutôt que de les concentrer

  • Chaque partie influence l'ensemble du système


Mais cette tenségrité ne s'arrête pas à notre enveloppe corporelle. Nous sommes des systèmes ouverts, en échange permanent avec notre environnement.


Au-delà de la peau : notre tenségrité élargie


Notre interaction avec l'environnement se manifeste à plusieurs niveaux :


Sur le plan physique : Nous échangeons environ 11 000 litres d'air par jour avec notre environnement. Notre peau, loin d'être une barrière hermétique, est un organe d'échange qui réagit aux variations de température, d'humidité, de pression. Nous percevons, souvent inconsciemment, les champs électromagnétiques, les vibrations subtiles, les variations atmosphériques.


Sur le plan énergétique : Notre présence modifie l'espace et l'ambiance autour de nous. Nous "sentons" quand quelqu'un nous observe, même sans le voir. Certains lieux nous dynamisent instantanément, d'autres nous vident de notre énergie. Ces perceptions, longtemps considérées comme subjectives, trouvent aujourd'hui des explications dans les recherches sur les champs bioélectriques et les interactions subtiles.


Sur le plan relationnel : Nos émotions influencent celles de notre entourage. Le stress d'une personne peut affecter l'état de tout un groupe. À l'inverse, une personne calme et centrée peut apaiser une pièce entière. Les neurosciences sociales démontrent que nos cerveaux sont littéralement "câblés" pour cette interconnexion.


Les croyances : les architectes invisibles de notre réalité


Nos croyances fonctionnent comme des filtres puissants qui façonnent activement notre perception de l'environnement et, par conséquent, notre manière d'interagir avec lui. Elles sont semblables à des lunettes colorées qui teintent toute notre expérience :


Si vous croyez que "le monde est dangereux", votre système nerveux reste en alerte constante. Vous percevez des menaces là où d'autres voient des opportunités. Votre posture se ferme, votre respiration se resserre, créant paradoxalement les conditions pour attirer ce que vous craignez.


À l'inverse, si vous percevez le monde comme "un lieu d'apprentissage", les mêmes situations deviennent des occasions de croissance. Votre curiosité s'éveille, votre corps reste ouvert et réceptif, vous attirez naturellement des expériences enrichissantes.


Ces croyances ne sont pas de simples pensées abstraites - elles modifient notre physiologie et notre manière de percevoir notre environnement et d'y interagir :


  • Elles influencent notre posture et notre façon d'occuper l'espace

  • Elles affectent notre système hormonal et immunitaire

  • Elles déterminent quelles informations notre cerveau filtre ou amplifie

  • Elles créent des "prophéties auto-réalisatrices" dans nos relations et dans notre vie


Prendre conscience de ces filtres est le premier pas vers une relation plus consciente avec notre environnement. Questionner nos croyances limitantes devient alors un acte de libération qui élargit notre champ des possibles.


La résonance : quand les systèmes s'harmonisent


En physique, la résonance décrit le phénomène par lequel un système vibre en harmonie avec un autre. Ce principe s'applique remarquablement aux êtres vivants :


  • Les battements cardiaques de personnes proches tendent à se synchroniser

  • La synchronisation des pas de deux personnes marchant ensemble

  • Les cycles biologiques s'harmonisent (comme les cycles menstruels des femmes vivant ensemble)

  • Les émotions sont "contagieuses" dans un groupe

  • Notre état intérieur influence l'atmosphère autour de nous


Cette résonance explique pourquoi certaines personnes nous "épuisent" tandis que d'autres nous "rechargent". Elle éclaire aussi pourquoi certains lieux nous apaisent instantanément alors que d'autres nous mettent mal à l'aise.


Nos croyances jouent un rôle crucial dans ces phénomènes de résonance. Si nous croyons qu'un lieu est "sacré" ou "guérisseur", notre système nerveux s'y prépare différemment et en modifie l'expérience. Les études sur l'effet placebo montrent que nos attentes modifient significativement nos réponses physiologiques.


L'influence réciproque


Les recherches en épigénétique révèlent que l'environnement influence directement l'expression de nos gènes. Ce n'est pas qu'une vue de l'esprit. L'environnement façonne littéralement qui nous sommes physiquement et physiologiquement :


  • L'exposition à la nature réduit le cortisol et l'inflammation (réduction du stress)

  • Les espaces verts améliorent la fonction cognitive et immunitaire

  • La lumière naturelle régule nos rythmes circadiens

  • Les sons de la nature activent le système nerveux parasympathique


Mais nos croyances modulent ces effets. Deux personnes dans le même environnement peuvent avoir des réponses physiologiques radicalement différentes selon leurs perceptions et leurs filtres mentaux. Celui qui voit la forêt comme "dangereuse" n'en tirera pas les mêmes bénéfices que celui qui la perçoit comme "ressourçante".


Cette compréhension nous invite à examiner nos propres filtres : Quelles croyances limitent mon expérience ? Comment puis-je cultiver des perspectives qui enrichissent ma relation à moi-même, aux autres et au monde ?


L'espace relationnel : notre tenségrité sociale


Nos relations créent une architecture invisible mais bien réelle. Comme dans une structure "tenségrive" :


  • Chaque interaction modifie l'équilibre de l'ensemble

  • Les tensions relationnelles créent des "nœuds" dans le système

  • La résolution d'un conflit libère de l'énergie pour tout le groupe

  • Nous maintenons inconsciemment des "distances" optimales


Cette tenségrité relationnelle nous invite à prendre conscience de notre responsabilité : nos états intérieurs, nos croyances, nos attitudes affectent directement la qualité du tissu social dans lequel nous évoluons.


La sagesse des traditions anciennes


Cette compréhension de l'interconnexion, que la science moderne redécouvre progressivement, est au cœur de nombreuses traditions spirituelles depuis des millénaires.


Le bouddhisme, avec son concept d'interdépendance (pratītyasamutpāda), enseigne qu'aucun phénomène n'existe isolément. Chaque être, chaque chose est le résultat d'innombrables causes et conditions interconnectées. Cette vision n'est pas qu'une philosophie abstraite - elle invite à une transformation profonde de notre rapport au monde.


Les traditions chamaniques perçoivent l'être humain comme partie intégrante d'un tissu vivant plus vaste. Le chaman navajo dit : "Je suis relié à tout ce qui vit, et tout ce qui vit est relié à moi." Cette conscience modifie radicalement notre façon d'habiter le monde.


Ces traditions nous rappellent que l'interconnexion n'est pas seulement un concept à comprendre mais une réalité à vivre et à cultiver consciemment.


Vers une écologie personnelle


Comprendre notre nature "tenségritaire" et le rôle de nos croyances nous invite à développer une véritable écologie personnelle :


1. L'exploration de nos filtres Quelles croyances colorent ma perception du monde ? Ces filtres servent-ils encore mon épanouissement ou sont-ils devenus des prisons ? Le simple fait de les questionner ouvre déjà de nouvelles possibilités.


2. Le choix conscient de nos environnements Les espaces que nous fréquentons ne sont pas neutres. Ils participent activement à notre équilibre. Choisir consciemment nos environnements devient un acte de soin envers nous-mêmes.


3. La culture de notre présence Notre état intérieur rayonne et influence notre entourage. Cultiver notre présence, notre calme intérieur, notre joie, devient alors un acte de générosité envers le monde.


4. Le développement de notre sensibilité Apprendre à "lire" les espaces (dans les arts martiaux japonais il existe le concept de "kuuki o yomu" ce qui signifie lire l'air autour de soi), à percevoir les dynamiques relationnelles, à sentir les besoins du collectif. Cette sensibilité affinée nous permet de contribuer plus harmonieusement à l'équilibre des systèmes auxquels nous appartenons.


L'invitation au changement


Cette compréhension de nous-mêmes comme systèmes ouverts en interaction constante transforme radicalement notre rapport au monde. Nous ne sommes plus des individus isolés, victimes de circonstances extérieures, mais des participants actifs dans la grande danse de l'existence.


Nos croyances, loin d'être de simples opinions, deviennent les architectes de notre réalité. Travailler sur elles, les questioner, les affiner, devient alors un acte de création consciente. Nous découvrons que nous avons plus de pouvoir que nous ne le pensions sur la qualité de notre expérience.


Cette vision élargie nous invite à :


  • Reconnaître notre responsabilité dans la création de notre réalité

  • Cultiver des croyances qui nous ouvrent plutôt qu'elles ne nous limitent

  • Prendre soin de nos relations comme partie intégrante de notre santé

  • Développer une présence qui enrichit l'espace collectif


Les trois articles de cette série nous ont conduits d'une vision anatomique élargie à une compréhension écologique de l'être humain, où nos croyances jouent un rôle crucial dans la façon dont nous habitons et co-créons notre réalité. Cette perspective nous rappelle que la transformation personnelle n'est jamais seulement personnelle - elle participe à l'évolution de l'ensemble.


Je suis Martin Besson, thérapeute holistique et acupuncteur à Lyon et Villeurbanne, spécialisé dans la libération des croyances limitantes et la transformation des blocages émotionnels. J'accompagne mes clients vers une meilleure compréhension et transformation de leurs mécanismes inconscients grâce à une approche qui intègre le corps, les émotions, et la psyché.


Références mentionnées :


  1. Donald Ingber - "The Architecture of Life" (Scientific American, 1998)

    • Professeur à Harvard, travaux sur la tenségrité biologique

    • Démontre l'application des principes de tenségrité à tous les niveaux biologiques

  2. Stephen Porges - "The Polyvagal Theory" (2011)

    • Théorie sur la régulation du système nerveux et la connexion sociale

    • Explique les bases neurophysiologiques de nos interactions sociales

  3. Bruce Lipton - "The Biology of Belief" (2005)

    • Biologiste cellulaire étudiant l'influence des croyances sur l'expression génétique

    • Pionnier de l'épigénétique et de la nouvelle biologie

  4. Rupert Sheldrake - Travaux sur les champs morphogénétiques

    • Biologiste explorant les phénomènes de résonance et d'interconnexion

    • Propose des hypothèses sur les champs d'information au-delà du physique

  5. Thich Nhat Hanh - Enseignements sur l'inter-être

    • Maître zen vietnamien développant le concept d'interdépendance

    • Rend accessible la sagesse bouddhiste à l'Occident moderne

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Acupuncteur Lyon et Villeurbanne

​Le travail en thérapie holistique ne se substitue en aucun cas à un traitement ou suivi médical, mais le complète harmonieusement. La thérapie holistique, bien que proche de certaines approches ostéopathiques, ne peut être considérée comme de l'ostéopathie.

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